• Bien commencer l'année

     Les professeurs présents dans un établissement depuis plusieurs années sont repérés et connus. Des réputations circulent dans les cours de collège et de lycée : untel est un bon professeur, celui ci donne beaucoup d’exercices, celui là prépare bien au baccalauréat mais il est plutôt sévère…Cette image véhiculée n’est pas toujours exacte, mais elle existe. Ainsi, un professeur reconnu n’a pas à asseoir son autorité dans la classe, puisqu’elle est a priori acceptée. Pour ce professeur, bien commencer l’année consistera à préciser l’organisation qu’il adoptera et donner quelques indications qui seront autant de rituels pour le bon déroulement de la classe. Par exemple, on peut imaginer que tous les lundis le travail de littérature portera sur l’oeuvre qui est au programme et qui devra être lue, le jeudi sera consacré à la production de textes, et toutes les trois semaines il y aura un devoir surveillé le vendredi. De plus, une fois par semaine, une courte interrogation de cours permettra de contrôler que les leçons sont bien apprises. Ces rituels sont attendus des élèves car ils rassurent et mettent en confiance. L’inconnu et le changement régulier dérangent et stressent. Les apprentissages réussis sont le fait de programmations.

     

    Les professeurs débutants ou ceux qui s’installent nouvellement dans un établissement vont inévitablement être observés d’un peu plus près. Ils bénéficient en général d’une acceptation neutre ou positive des élèves. Toutefois, celle-ci reste extrêmement fragile parce qu'elle ne repose sur rien de concret. Ce sont les premiers jours de classe qui vont créer une première image du professeur dont il pourra être difficile de se défaire par la suite si celle-ci est trop abimée.

     

    Mettre en place des procédures de travail ne signifie pas édicter une longue liste de règles et d'obligations. Les élèves reconnaissent vite le sérieux du professeur, ses qualités humaines, ses défauts aussi. Ils savent ce qu'ils ont le droit de faire à l'école et ce qui leur est interdit[1]. Ce qui ne les empêche pas de tester les résistances de l'adulte. Mais ces provocations sont moindres quand l'élève sait que le temps qu'il va passer en classe va lui permettre de progresser, d'apprendre en réalisant un travail qu'il comprendra et dont il appréhendera l'intérêt.

     

    Quand les procédures sont installées, le professeur peut relâcher la pression éducative, et se concentrer sur l'acte pédagogique. Celui ci sera alors d'autant plus efficace que l'énergie dépensée pour la gestion de classe est moindre.

    Pour bien commencer l’année chacun rencontre ses collègues, le chef d’établissement, les personnels administratifs. Un établissement est un paquebot scolaire dont la résistance au changement est forte. Regarder, écouter, comprendre la logique et l’histoire de la communauté qui l’habite est indispensable avant de vouloir proposer des modifications au fonctionnement quotidien ou à l’organisation pédagogique. Réussir dans cette démarche demande du doigté, de respecter ses collègues, et de proposer des changements en argumentant leur bien fondé. Le risque de partir seul sabre au clair quand on est nouveau dans un établissement est de se forger une réputation de personnalité hautaine et orgueilleuse dont il sera difficile d’ôter les habits. Le pire serait que cette attitude finisse par avoir des échos auprès des élèves et mette en difficulté le professeur dans ses propres classes. Même avec la plus grande détermination, et avec la justesse du diagnostic posé, on ne change pas seul contre tous des années de mauvaises habitudes.

          Être vigilant  

    Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage

     

    Pour paraphraser Nicolas Boileau, il faut garder à l'esprit que rien n'est jamais gagné dans une classe, rien n'est jamais acquis.

    Même quand le professeur possède la confiance de ses élèves, il n'est pas à l'abri d'une réaction incohérente, qui sera souvent dans ce cas précis le fait d'individus isolés.

    En revanche, si la tension est palpable et régulière dans la classe entre le professeur et les élèves une réaction collective peut survenir. Celle ci peut aussi apparaître quand des groupes rivaux sont présents dans la même classe. Dans ce cas difficile à gérer, le professeur expérimenté qui a su installer son autorité pourra toujours contrôler la situation parce qu'il aura l'appui de la majorité silencieuse. Mais l’énergie dépensée pour rétablir le calme, la confusion engendrée lors du problème et de sa résolution pourront laisser un vague sentiment négatif d’insécurité ou d’instabilité qui n’est pas propice au bon déroulement du cours et qui peut laisser apparaître un certain malaise qui prendra du temps à se dissiper.

    C'est pourquoi, il ne faut jamais attendre qu'une situation dégénère et être vigilant aux réactions parasites, aux écarts de paroles et à l'atmosphère qui s'électrise

    Les petits écarts de conduite peuvent rapidement prendre une tournure négative, au mieux non favorable aux apprentissages, au pire qui mettra en difficulté le professeur, voire en danger les uns ou les autres

    Dans tous les cas il est indispensable de ne jamais provoquer les élèves et de rester sur le terrain des faits, d’argumenter, et ne pas entrer dans le conflit en tant que partie prenante.

    Si une tension ou un conflit se crée ou persiste entre le professeur et un élève, on impose de régler le problème après le cours car la classe se lasse rapidement des joutes oratoires et le chahut prend vite forme.

     

    Faire preuve de diplomatie : être à l'écoute, ne pas s'énerver, proposer des solutions, mais être ferme sur les interdits

     

     

     



    [1] Le règlement intérieur d'un collège ou d’un lycée définit l'ensemble des règles de vie de l'établissement et fixe les droits et devoirs de chacun