• Différentes formes de pédagogie

       

     

    La question de savoir si la l'éducation doit être principalement consacrée à la transmission de connaissances ou à la formation intellectuelle et citoyenne ne date pas d'aujourd'hui.

    Déjà au XVI° siècle, si Rabelais faisait dire à Pantagruel qu'il voulait que son fils Gargantua devint un « abîme de science », Montaigne développait l'idée à la même époque « qu'il valait mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine ».

    Mais Rabelais qui s'émerveillait de toute cette connaissance nouvelle qui ouvrait des champs infinis de découvertes pour comprendre le monde affirmait aussi que :

     

    « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme »

     

    Différentes formes de pédagogie

    Si la compétence n'est rien sans un minimum de connaissances, s'il n'est pas question (et ridicule) d'opposer les savoir, savoir faire et savoir être, il est important de comprendre comment la démarche pédagogique adoptée induit un type de comportement chez les élèves. 

     

    Les pédagogies transmissives (souvent appelées traditionnelles) sont basées sur la priorité de transmettre un savoir accumulé depuis des siècles et centrées sur le maître qui détient les clés pour simplifier et structurer le discours afin de le rendre intelligible. Cette forme suppose que l'élève est a priori consentant et veut apprendre, à partir du moment où l'environnement est favorable. Elle nécessite pour cela l'écoute et le respect du maître, en tant que dépositaire d'une connaissance. Cette pédagogie rend l'élève responsable de son apprentissage, et lui impose un effort pour comprendre car si les concepts heurtent sa structure mentale, il faudra qu'il apprenne à raisonner autrement et accepter l'autorité d'un discours éprouvé.

     

    Cette forme pédagogique n'est plus adaptée ni au monde d'aujourd'hui, ni aux élèves actuels si elle est mise en œuvre de manière exclusive. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas prêts à faire des efforts, mais ils veulent qu'on leur montre que cela en vaut la peine. La gestion de son temps et l'envie de « zapper » pour profiter des nombreuses sollicitations environnantes ne sont pas propices aux longues heures consacrées à une étude particulière.

     

    A une époque où la connaissance était une richesse rare et difficile d'accès, celui qui la détenait possédait un avantage décisif pour diriger et gouverner. Aujourd'hui la connaissance est multiple, infinie, diffuse et accessible par un simple clic de souris. Elle ne possède une valeur que si elle est traduite, interprétée et transformée.

     

    Les méthodes pédagogiques actives rendent les élèves acteurs de leurs propres apprentissages. 

    Rendre actifs les élèves n'est pas suffisant pour qu'ils soient acteurs de leurs apprentissages. Par exemple, un élève qui va réaliser une série de précipités en travaux pratiques de chimie, ou qui va repérer des dates historiques dans un texte est mis en activité. Mais quelle sera la plus value à moyen et long terme de cette activité si elle ne prend pas sens ? Si, à moment donné la consigne fournie n’oblige pas l’élève à réfléchir, à prendre une décision, à interpréter pour que l'enseignement soit réellement formateur ?

     

    Mettre en oeuvre des démarches de résolution de problèmes, former à la démarche d'investigation, à la démarche de projet, travailler autour de taches complexes entrent dans le cadre des pédagogies actives.  

     

    Dans ces formes pédagogiques, le maître n'est plus le dépositaire de la connaissance mais celui qui crée les conditions pour rendre la connaissance intelligible. Elles nécessitent aussi, comme pour les pédagogies frontales, d’apprendre aux élèves à automatiser des tâches par des exercices qui peuvent paraître répétitifs, pour pouvoir les réinvestir facilement dans des contextes variés et nouveaux.

     

    On reproche souvent aux pédagogies actives d'être brouillonnes et bruyantes. Cela peut être le cas si elles sont mal préparées, mais ces prétendus défauts n'existent plus quand le professeur a pris l'habitude de les mettre en oeuvre. On les dit aussi chronophages. Le risque est en effet réel. Mais il faut rappeler que le maître est garant du temps et de sa maîtrise. Comme pour toute activité, l'habitude et l’expérience lui permettent de parfaitement gérer l'ordre des étapes.

    Brouillonnes, elles le seront si elles s'arrêtent à la phase de découverte ou si elles consistent simplement à mettre les élèves en activité. Or, elles imposent qu'un bilan soit fait, en commun, et qu'une trace écrite réponde explicitement à la consigne d'origine, en élargissant si besoin le cadre de travail.

    Enfin, il est évident qu'aucune activité ne doit être bruyante pour ne pas gêner la concentration, l'écoute et pour que les règles de sécurité soient toujours de mise. Une pédagogie active, en revanche impose que les élèves puissent communiquer et bouger. C'est donc au professeur d'être attentif et de veiller que l'effervescence intellectuelle ne se transforme pas en chahut. Ce qui n'est jamais le cas lorsque le travail a été correctement préparé en amont et quand le professeur a l'habitude de procéder ainsi.

     

    En réalité, les professeurs alternent les formes pédagogiques pour qu'elles puissent parfaitement répondre aux exigences de l'enseignement moderne. Certains cours seront de type transmissifs quand on voudra développer une argumentation avec un apport de connaissances important; d'autres fois, la plupart du temps, les formes actives prévaudront.


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