• L’autoévaluation

     

    La réussite des élèves dépend de nombreux facteurs, en particulier de l’investissement de l’élève dans sa formation. Pour l’accroître il est important de réfléchir à la manière de développer les conditions qui concourent à une plus grande appétence vis-à-vis de l’école et des disciplines enseignées, mais aussi de l’impliquer dans son évaluation. En développant une démarche éducative et évaluative axée sur les compétences, à savoir les connaissances, les capacités et les attitudes, il est plus facile pour le professeur de faire prendre conscience à l’élève de ses lacunes. En effet, un devoir noté (et annoté) n’est généralement pas suffisant pour expliquer à l’élève si l’erreur commise est liée à une difficulté ponctuelle ou à un problème méthodologique. De plus, l’inflation souvent constatée des devoirs et des notes ne permet pas à l’élève de prendre suffisamment de recul pour analyser en terme générique ses difficultés. En liant les exercices aux compétences, à conditions qu’elles soient définies en commun par l’équipe pédagogique pour en limiter le nombre, il est possible d’entamer une réflexion partagée pour aider chaque jeune à identifier les obstacles à surmonter et à définir les besoins d’ordre méthodologique.

     

     

     

    L’autoévaluation commence par une évaluation personnelle du travail produit lors d’une activité ou d’un contrôle. Il ne s’agit pas de demander un ressenti global sur la réussite ou non de l’exercice proposé mais plutôt de savoir si les références en terme de connaissances ont bien été apprises et utilisées à bon escient et si les méthodes employées ont été ou non un frein à la résolution du problème.

     

    Par comparaison avec la correction du professeur, un débat fécond peut s’engager, en particulier si il apparaît une divergence des points de vue entre l’apprenant et l’enseignant.

     

     

     

    Définir une stratégie pour lutter contre la constante macabre

     

     

     

    Nous avons expliqué précédemment comment, de manière involontaire, les professeurs pouvaient élaborer les textes des devoirs surveillés de manière à obtenir in fine une répartition d’élèves telle qu’un nombre important d’entre eux se retrouvent affublés de moyennes passables, voire inférieures à 10/20. En effet, une moyenne de classe à 11/20 conduit inévitablement à avoir environ un quart des élèves de la classe avec une moyenne médiocre (autour de 10-11) et un autre quart une moyenne inférieure à 10. Les taux augmentant quand la moyenne de classe décroît. Pour remédier à cet effet de « constante macabre », A. ANTIBI a popularisé un système alternatif d’évaluation «par contrat de confiance ». Bien introduit en lycée professionnel, ce mode d’évaluation est peu utilisé dans les lycées généraux et technologiques. Il apparaît désormais dans les collèges.

     

     

     

    Celui-ci repose sur le principe de la mise en place d’un climat de confiance entre élèves et professeur et l’idée que tout élève peut réussir si on lui fournit les outils pour surmonter les difficultés repérées. Il y parviendra d’autant plus facilement qu’il apprendra ses leçons, ce qu’il fera plus naturellement si il a le sentiment qu’il peut obtenir une bonne note1.

     

     

     

    Le principe est le suivant. Une ou deux semaines avant le devoir le professeur indique aux élèves une liste de questions traitées en classe. Celles-ci concernent la leçon comme les exercices. Ces questions sont notées sur 15 ou 16. Un dernier exercice porte sur le programme mais les questions ne figurent pas explicitement dans la liste proposée. Ainsi, un élève qui aura travaillé devra réussir. Pour l’aider dans ses révisions, une séance précédent le contrôle sera prévue pour répondre aux demandes d’explications des élèves qui ont étudié mais ont repéré leurs lacunes et leurs faiblesses2.

     

    Dans cette méthode, il est évident que le dernier exercice proposé ne doit pas être difficile au point de n’être réussi que par quelques uns, ce qui reviendrait à noter la plupart des élèves sur 15 ou 16.

     

     

     

    A ceux qui s’offusqueraient de cette technique, en expliquant qu’elle a certes un effet très bénéfique sur la mémorisation, mais qu’elle ne favorise pas la réflexion, on peut rappeler que la plupart des concours des écoles d’ingénieurs et de commerce sont basés sur ce principe : Plus l’étudiant aura fait d’exercices en classes préparatoires, plus il aura de chances de tomber le jour du concours sur un exercice du même modèle. Sans oublier le concours à l’issue de la première année de médecine qui correspond à ce type d’épreuve avec des questions préparées pendant l’année universitaire et reposées le jour du concours. Cela n’empêche pas de disposer de bons médecins et de bons ingénieurs à l’issue de la formation.

     

     

     

    L’évaluation par contrat de confiance appelle pour l’élève une forme d’auto-évaluation quand il révise puisqu’il définit précisément au préalable ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas. Cette méthode est en fait une stratégie parmi d’autres pour mettre les élèves en situation de travail. Elle ne doit pas exclure l’évaluation des compétences, en contrôle ou en activité de classe, en proposant des tâches complexes ou des exercices axés sur des capacités précises.

     

    Il s’agit par conséquent pour le professeur de réfléchir à une pédagogie qui permette à la fois de former les élèves sur le long terme et de les évaluer de façons diverses afin de mieux appréhender ce qu’ils savent pour proposer si besoin de la remédiation, et de les évaluer de façon positive pour leur donner le sentiment de réussite et l’envie de poursuivre dans la discipline.

     

    1 Roland GOIGOUX rappelle que la personnalisation, si elle est nécessaire, arrive après la gestion du groupe classe qui reste le cœur du métier d’enseignant. Il propose de classifier les aides apportées en 7 familles. Voir : http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2013/GFENAvril03.aspx

     

    2 On peut aussi voir l’accompagnement personnalisé au lycée comme un dispositif qui privilégie la préparation de l’élève au contrôle. L’idée étant d’anticiper les échecs plutôt que de proposer une remédiation classique. Ainsi, la pédagogie mise en œuvre est différenciée, par groupes de besoins et non par groupes de niveaux.

     


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