• La formation avec internet

        Le réseau internet se conçoit d’abord comme une immense bibliothèque de ressources, en nombre très élevées, sur tous les sujets imaginables et provenant de tous les pays. C’est aussi un lieu de partages. Or, depuis l’avènement du web 2.0, l’interactivité entre internautes a été décuplée. Elle s’est simplifiée et a permis des formes d’échanges ou de collaborations en lignes diverses. C’est ainsi que sont apparus des forums d’aide, dont certains sont disciplinaires et dévolus à des questions didactiques ou pédagogiques, dans lesquels les questions posées trouvent la plupart du temps des réponses diverses, riches et variées. On notera aussi que ces forums peuvent être aussi des lieux de critiques du système éducatif, de son organisation, ou des contenus des programmes.

    La difficulté pour un professeur n’est donc pas de trouver une ressource sur un sujet donné, mais de repérer celle qui lui sera utile et qu’il pourra s’approprier pour son enseignement. En effet toute ressource réutilisée sans avoir été analysée et retravaillée n’est pas exploitable correctement. A quoi servirait dans ce cas le professeur ? Autant mettre les élèves devant des écrans d’ordinateurs et remplacer le professeur par un surveillant ! La première difficulté qui va se présenter sera de repérer un document intéressant parmi la multitude proposée. Comme d’habitude internet est une machine qui fournit de l’information, la meilleure, mais aussi la pire (y compris en matière éducative). C’est pourquoi, il est conseillé aux enseignants débutants (et aux autres) d’aller en premier lieu visiter les sites institutionnels. Toutes les ressources qu’ils proposent ont été travaillées par des groupes de réflexion académiques ou nationaux disciplinaires et ont fait l’objet d’une validation. Rien n’interdit, dans un second temps d’aller visiter d’autres sites, non officiels, qui proposent des textes et du multimédia originaux et intéressants. Mais pour en avoir une lecture critique il est judicieux de connaître et de maîtriser les préconisations des référentiels officiels ; et les documents académiques en sont des déclinaisons.

     

    Internet propose aussi des sites, qui, sans être officiels, sont portés par des chercheurs en sciences de l’éducation, des universitaires, des intellectuels et des praticiens de haut niveau. Ils proposent régulièrement des dossiers pédagogiques sur des thèmes d’actualité ou sur les démarches éducatives. Animés par des personnes d’horizons intellectuels différents, ils apportent des pistes de réflexion en matière pédagogique particulièrement pertinentes[1].

     

    On a aussi beaucoup entendu parler ces derniers temps d’un usage nouveau d’internet en matière de formation éducative et qui provient à l’origine des universités américaines, les MOOC (massive open on line course), c’est-à-dire les cours en ligne ouverts et massifs. La grande nouveauté par rapport à ce qui pré-existait est constituée de la possibilité de valider les compétences acquises par une certification de l’Université. Très récemment, les Universités et Grandes Ecoles françaises ont proposé leurs premiers MOOC sur une plateforme dédiée. Certains MOOC combinent à la fois la richesse de ressources multimédia (son, vidéo et texte) avec du tutorat et des évaluations corrigées, la plupart du temps par des pairs.

     

    La formation hybride procède en partie de cette logique. Si la formation continue traditionnelle est toujours réalisée en présentiel (présence du formateur et des stagiaires dans un même lieu), la formation hybride est un mélange de temps en présentiel et d’apprentissages à distance. Elle interroge les pratiques, déstabilise les formateurs et les apprenants, mais offre l’opportunité de s’adresser à un public beaucoup plus nombreux tout en proposant des formations plus riches, plus variées et plus personnalisées. Toute formation professionnelle de ce type débute par un temps de présence au cours duquel les différents protagonistes se rencontrent pour se montrer et échanger sur leurs attentes. Une des difficultés pour mettre en place une formation hybride qui fonctionne et réponde aux souhaits des usagers est de définir le temps minimum consacré à ces rencontres de travail et aux discussions informelles permettant des échanges qui ne peuvent exister autrement « qu’autour d’une tasse de café ».

    Cette organisation procède donc à la fois d’une continuité et d’une rupture, via les technologies de l’information et de la communication, par rapport à des pratiques antérieures.

    Parmi les nombreuses questions encore ouvertes qui concernent ce nouveau dispositif appelé à se développer, on peut noter que le travail collectif réalisé en présentiel doit pouvoir se poursuivre à distance. C’est-à-dire qu’il faut trouver des stratégies pour convaincre les stagiaires de communiquer entre eux, de partager des travaux communs, et de se corriger sans que le formateur intervienne autrement que pour réguler ou apporter une information facilitant le déblocage d’un problème mal compris. De même l’aspect technique doit être relégué au second plan et rester totalement transparent pour ne pas brouiller le message pédagogique.

    Dans ce nouveau type de formation, une réflexion sur les types d’apports spécifiques lors des rencontres en présentiel est à concevoir. Parmi les avantages liés à l’utilisation d’outils et de ressources à distance, on peut citer le choix du moment pendant lequel chacun peut se consacré à l’étude, la possibilité de retours en arrière, d’avancer à son rythme, de procéder par essais et erreurs. La palette est riche mais conduit l’apprenant à un investissement personnel plus élevé que lors d’une formation classique : Pour entrer dans une formation hybride il faut accepter de recevoir mais aussi de donner.



     

    La formation avec internet

    [1] On citera par exemple le site du café pédagogique (http://www.cafepedagogique.net), de l’institut français de l’éducation (http://ife.ens-lyon.fr/) ou celui de Philippe Meirieu (http://www.meirieu.com/).