• Le continuum bac-3 ; bac+3

     

     Le système éducatif est en train d’évoluer assez rapidement. On vient de voir que l’école du socle commun était née, à l’instar de ce qui existe dans l’Europe du Nord, en associant plus étroitement le premier degré et le collège. L’Université s’est aussi transformée. La loi d’autonomie des Universités (loi LRU ou loi Pécresse) date de 2007. Par cette loi, chaque Université accède à l’autonomie relativement au domaine budgétaire et à la gestion des ressources humaines. L’objectif étant de revaloriser l’Université et de la rendre plus attractive, que ce soit en terme de politique de recherche ou d’enseignement. En ce qui concerne la recherche il s’agit d’améliorer le positionnement de l’Université française dans les comparaisons internationales. Et pour l’enseignement, le législateur a voulu réduire les taux d’échec observés dans les premiers cycles, améliorer le suivi des étudiants et rendre plus lisible l’architecture des études. Quand on entre à l’Université les sorties s’effectuent désormais soit au niveau licence, soit au niveau master ou doctorat.

    Pour réussir ce pari d’une transition lycée-université réussie, il apparaît prioritaire de renforcer la liaison entre le lycée et l’Université. Quand l’université propose un plan « réussir en licence »[1] qui prévoit d’accompagner plus individuellement les étudiants, le lycée se voit en parallèle contraint de mieux préparer les élèves à l’accès dans le cursus supérieur. Où l’on retrouve l’idée fondamentale que le baccalauréat est bien le premier diplôme universitaire, mais encore faut il que le bachotage ne soit pas la finalité de la formation lycéenne, mais seulement la partie émergée.

     

    Les élèves et les familles ont beaucoup de difficultés à se projeter au-delà du baccalauréat, sauf pour celles qui disposent des codes de réussite, en particulier les cadres et les enseignants. Le nez rivé sur le sacro saint diplôme du baccalauréat, peu entrevoient l’importance d’une préparation spécifique à l’enseignement supérieur.

    Il est par conséquent dans la mission actuelle du professeur de lycée d’organiser son enseignement avec ce double objectif de réussite à l’examen et de préparation à l’entrée à l’Université.

     

    Or, les changements à l’Université ont été si importants ces dernières années, que les professeurs ne disposent plus des codes pertinents pour préparer leurs élèves, la plupart du temps, ou même tout simplement pour les conseiller. De manière similaire, bien peu d’universitaires ont suivi et compris les enjeux de la réforme du lycée, avec l’introduction des baccalauréats professionnels, la modification des baccalauréats technologiques, la spécialisation progressive en voie générale et l’accompagnement personnalisé. Il n’y a qu’à voir leur désarroi quand ils observent l’arrivée dans les amphithéâtres des bacheliers technologiques. Cette double réforme du LMD[2] et du lycée ne pourra fonctionner complètement qu’à la condition d’un rapprochement entre enseignants du secondaire et du supérieur.

    L’enjeu de la liaison est fondamental, dans l’intérêt de tous, élèves, lycées, universités. Les solutions apportées aux problèmes actuels dépendront de la manière dont les enseignants se saisiront des problèmes et comment ils accepteront de collaborer, d’échanger, de travailler ensemble, de croiser les regards sur les méthodes des uns et des autres. Très souvent les enseignements au lycée et à l’Université sont en décalage pour une même discipline. On le voit en particulier pour les sciences humaines, mais aussi pour les sciences économiques et sociales. Préparer les élèves à l’université c’est, pour les professeurs de lycée, d’abord mieux comprendre comment s’organisent les enseignements dans le supérieur, et pour les universitaires mieux approcher la didactique du secondaire. Le fossé ne peut alors se combler que par des rencontres, ou lors de séminaires ou encore en élaborant des ressources communes et complémentaires qui peuvent être proposées en accompagnement personnalisées et à l’entrée en L1.

     

    La liaison ne va pas de soi. La confiance se gagne dans le temps. Les résistances et les a priori seront nombreux pour limiter les avancées. Mais ni l’Université ni le lycée n’ont le choix. Ils sont condamnés à collaborer et à imaginer un avenir qui s’écrira à deux mains. Pour cela, les corps d’inspection et les chefs d’établissements ont une responsabilité immense, pour accompagner les réformes, les faire entendre, créer des ponts en proposant des formations communes, inscrites dans un plan académique, ou élaborées localement au niveau d’un bassin.

    Le continuum bac-3 ; bac+3


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