• La remédiation

    A l’issue d’une séquence pédagogique, après un contrôle, l’enseignant se pose légitimement la question d’aider les élèves qui n’ont pas compris ou pas réussi à traduire correctement la consigne de travail. Traditionnellement, il propose un ou deux exercices supplémentaires ou organise des modules de soutien scolaire. Ce soutien s’inscrit dans des dispositifs prévus à cet effet : aides pendant la pause méridienne ou en fin de journée, pour les élèves volontaires, « aide individualisée » dans certaines disciplines. Il consiste généralement à reprendre les parties de cours qui n’ont pas été comprises ou à expliciter les exercices posés en classe pour que l’élève soit en mesure de les refaire.

     

    La remédiation procède d’une autre démarche que le rattrapage de cours ou le soutien scolaire qui peut s’apparenter à une forme d’assistanat (par ailleurs utile aussi).

    La remédiation s’inscrit dans un dispositif qui doit proposer à l’élève d’aborder les notions vues en cours sous un autre angle, à partir d’activités pédagogiques différentes. Le principe d’une remédiation réussie impose de créer des approches nouvelles, tant dans la forme que dans l’esprit. Pour cela elle doit répondre à un besoin clairement identifié.

     

    Elle fait suite à une évaluation. Qu’elle soit diagnostique ou sommative, les renseignements fournis par cette évaluation ne sont que partiels et doivent être corrélés à d’autres informations. En effet, c’est en catégorisant correctement le type d’erreur  commis par l’élève que le professeur peut y répondre avec justesse. Par conséquent, une bonne connaissance de chaque adolescent de la classe permettra d’adapter la réponse à la difficulté qui est apparue.

    Pour parvenir au terme du processus de remédiation des évaluations formatives régulières permettent de repérer si les obstacles sont levés ou en voie de l’être.

     

    On voit ainsi apparaître quelques critères pour la mise en œuvre d’une remédiation réussie. En réponse à un besoin elle consiste en une forme d’accompagnement personnalisé, différencié. Elle revient à fixer des objectifs clairs et précis à l’élève car dans ce processus l’apprenant doit être sollicité et adhérer au programme proposé. Elle peut être d’une durée courte ou être prolongée plusieurs semaines. Dans ce dernier cas il sera utile et intéressant d’y associer la famille pour que la prise de conscience collective ait un effet « levier » sur l’importance de la réponse à donner. Le cadre du PPRE (Projet personnalisé de réussite éducative) est tout à fait approprié à ce type de contrat moral.

     

    Nous avons vu que la remédiation ne consiste pas à recommencer le cours ou les exercices une seconde fois mais à changer d’angle d’approche. Comme tous les élèves de la classe ne sont pas concernés par de la remédiation, il s’agit de créer des groupes de besoin pour travailler des compétences identifiées. Par conséquent tous les élèves de ce groupe n’ont pas vocation à provenir d’une même classe. De même, le professeur qui gère le groupe n’est pas obligatoirement celui de la classe source. L’intérêt étant qu’il abordera la notion étudiée différemment, ce qui pourra provoquer un déclic de compréhension. Cela impose alors une coordination forte entre les professeurs intervenants en classe et en remédiation. Si tel n’était pas le cas il y aurait un risque de confusion accrue chez les jeunes, auquel cas le remède serait pire que le mal.

    D’un point de vue organisationnel, un dispositif comme l’accompagnement personnalisé qui concerne l’ensemble de la classe permet de diviser en trois ou quatre groupes l’effectif total pour affecter des tâches différentes à chacun. Ainsi, un groupe de remédiation qui répond à un objectif donné ne s’intéresse qu’à 7-8 élèves à chaque fois. On peut envisager dans un dispositif qui touche tous les élèves de la classe deux groupes de remédiation différents, des élèves qui approfondissent un travail particulier et d’autres qui se concentrent sur leur projet d’orientation. Toutes les combinaisons sont bien entendues permises.

    Les activités de remédiation proposées peuvent entrer dans un projet plus global, être centrées sur un thème, utiliser les TICE, être à caractère documentaire ou expérimental, en lien avec la recherche et le traitement d’information au CDI. Elles peuvent reprendre des notions vues précédemment mais non comprises : la non maîtrise des puissances de dix et de la règle de proportionnalité sont peut être dues à une méconnaissance des règles de la numération. Si c’est le cas refaire dix exercices sur les puissances de 10 ne permet pas de résoudre le problème.

     

    On peut dire sans hésiter qu’une remédiation bien pensée est un acte éducatif fondamental et permanent (mais difficile à mettre en œuvre) car il concerne à la fois la qualité des apprentissages de long terme et la régulation « immédiate » qu’opère le professeur quand il élabore ses séquences de cours.


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